[ fiction ] Buy a dream

Cher journal,

Non je ne suis ni une collégienne amoureuse, ni un adolescent aux idées perverses et malsaines, ou encore moins un tueur en série qui souhaite se confesser. Je m'appelle Takeshima Atsuaki, j'ai 25 ans et je n'apprécie pas ma profession. En effet, je suis un hôte, dit "host boy" depuis ma majorité. Pourtant ce n'était pas mon idée de départ, je souhaitais réaliser mes rêves, faire de brillantes études, ce dont j'étais bien capable de faire, ou encore fonder une famille. Sauf que, mes parents n'ont jamais eu beaucoup d'argent, ce qui me pénalisait pour faire ce que j'entreprenais. Parce que voyez vous, seules les personnes riches peuvent faire ce qu'elles désirent, et c'est bien malheureux, car la volonté et l'ambition n'y est pas toujours pour ces gens-là. Je marchais en ville, à Osaka avec mon meilleur ami, Matsumoto Takanori, lorsque nous sommes passés devant un bâtiment, ni trop grand ni trop petit, assez classe, où pas mal de jeunes filles entraient, accompagnées de leurs amies ou de jeunes hommes bien habillés et bien coiffés, possédant beaucoup de choses de marque : un host-club, le "Quiet Beauty". Connaissant mes idées et ma situation financière, Takanori m'a proposé d'essayer. "Excuse- moi ?" a été ma première réponse. Cela ne m'intéressait pas, de plus je ne savais pas vraiment ce qu'était un host boy. D'un côté je pensais qu'être un hôte était de faire boire leurs clientes, ou de se prostituer. Alors qu'en fait, être un hôte, c'est vendre un rêve, et faire croire aux clientes qu'elles étaient aimées, qu'elles étaient des princesses. Sauf que là, je ne le savais pas, je ne savais pas que ce travail donnait bien au niveau du salaire aussi. J'ai appris que, par moi, un hôte relativement doué gagnait grand minimum l'équivalant de 4000€ par mois Takanori a enfin fini par me donner les avantages d'être un hôte. En effet, de son point de vue, être un host était chouette, c'est agréable et tout le monde voulait l'être. De l'argent, de l'alcool, des fêtes, des filles, des habits de marque, des bijoux... Vu comme cela, je me suis dit que je pourrais essayer un mois, même si je ne pensais pas avoir le physique pour, on me disait trop efféminé. "Mais non !" m'a dit Takanori lorsque je lui ai donné cette excuse. J'ai haussé les épaules et nous sommes rentrés. Taka m'a dit qu'il connaissait quelqu'un qui travaillait dans ce club. L'endroit était assez luxueux, et pendant quelques secondes, je me suis dit que travailler ici serait plutôt pas mal. Il a demandé un "Suguru-san", et nous avons attendu, sur des banquettes autour d'une table basse dans un box.

- Tu es sûr qu'il bosse là, hein ?
- Mais oui Atsu ne t'en fait pas !

En effet, il travaillait bel et bien là, sauf qu'ici, tout le monde l'appelait Aoi. Sous ce nom-là, je le connaissais plus ou moins. En ville, on voyait beaucoup d’affiches publicitaires à ce nom, avec une photo de lui. La première fois que je l’ai vu sur une photo, j’étais presque émerveillé devant une telle beauté, une beauté à la fois sauvage et élégante. Un visage long et fin, toujours poudrés de fond de teint pâle, des yeux sombres finement bridés légèrement soulignés d’un noir charbonneux, et une longue chevelure ébène et effilée, tombant devant son œil gauche et sur ses épaules. Il était le patron du club, mais il était également un hôte, sauf qu’il ne participait pas au classement. Chaque mois, il y a un classement du meilleur host boy, mais non pas le plus beau, c’est un classement en fonction de l’argent qu’ils ont gagné. Plus la cliente boit, plus elle dépense et plus ils gagnent, c’est le fonctionnement. Enfin, « ils », je devrais plutôt dire « nous », car j’en suis un également. N’en étant pas un, je ne les ai jamais méprisé ni quoi que ce soit, comme beaucoup d’hommes de la société nippone. J’ai fini par les admirer en quelques sortes, car j’ai eu beaucoup de mal à me faire à l’idée que j’étais pris pour un produit, pour un objet par les clientes. Certain s’y sont faits tout de suite et ça, c’est vraiment difficile. Dans « l’entretien », ils ne le disent pas vraiment, sauf que normalement on le sait, que nous serions pris pour des objets. Aoi, lui, me l’a clairement dit.

- Tu es conscient que les clientes te considéreront comme un produit, n’est-ce pas ?

Ma réponse a été positive, évidemment que je le savais. Mais je ne savais pas à quel point cela pouvait aller, à quel point les femmes nous traitaient comme des esclaves, au fond, même si certaines étaient adorables. Seulement, elles cherchent à se sentir regardées et aimées, comme l’a si bien dit Aoi. C’est vrai que l’amour dans la société Japonaise est plutôt complexe, les hôtes savent en plus ou moins combler les femmes, comment les regarder, les traiter, leur parler, Suguru le savait sûrement mieux que quiconque. Il était toujours celui qui avait le plus de clientes, j’entendais même souvent des « je voudrais épouser Aoi » ou « j’aimerais qu’Aoi soit mien ». Il avait un truc exceptionnel, mais il m’a dit que je l’avais aussi ce truc. Je me souviens de mon air interrogateur et de son éternel sourire en coin. Je me rappelle aussi de ses paroles, mot pour mot, mais aussi de son geste vague de la main repoussant sa mèche rebelle qui ne partait jamais pour très longtemps.

-Tu es un homme séduisant Atsuaki, tu es doux et gentil, mais aussi distant et froid à la fois, ça te rend mystérieux, les femmes adorent ça.

Je n’ai pas rougi, je n’ai pas répondu non plus, mais finalement il avait assez raison, puisque beaucoup de femmes me tournaient autour, beaucoup de clientes souhaitaient coucher avec moi. C’est toujours le cas, de plus en plus fréquemment même. Sauf que, la personne que je veux ne me le demande pas.

Mon premier mois en tant qu'hôte s'est passé très rapidement, bien que les nuits aient été plus longues les unes que les autres, certaines interminables. J'ai réussi à me faire peu à peu ma place dans le club, tous les autres étant plutôt gentils et accueillants. Hypocrisie ? Peut-être, car après tout, nous devons mentir un minimum aux clientes. Nous ne dirons jamais « non c'est impossible » si jamais elle demande « se pourrait-il que tu tombes amoureux de moi ? », il faut alimenter leur rêve. Après tout, c'est ça qu'elles cherchent, se sentir exister, se sentir bien auprès d'un homme, un homme qu'elle aurait choisi. Lorsqu'elles viennent pour la première fois au club si jamais ce n'est pas parce que nous leur avons parlé dans la rue, elles regardent un catalogue et choisissent celui qu'elles trouvent le plus séduisant. Elles réfléchissent bien avant en général, car une fois qu'elles en ont un, elles ne peuvent pas le changer. Vu comme je le dis, on dirait que je parle d'un bijou. Oui, c'est un peu comme ça qu'elles nous voient. Elles achètent un bijoux, plus il est beau et agréable, plus elles se sentent bien. Certains hôtes savent très bien mentir, comme Aoi. Je l'ai vu à l'œuvre avec une cliente, il dégage une aura spéciale, et a un charme fou qui rend la femme avec qui il est totalement émerveillé et détendu. Il a une table spéciale, la plus chère. Il la met toujours à l'aise, met une ambiance détendue et lui parle doucement, toujours en la regardant dans les yeux, de son regard le plus sensuel et profond. Il lui fait souvent des compliments, en fonction de la cliente car certaines aiment moins que d'autre. Lui, il sait toujours doser ses paroles, ses gestes, ses compliments, ses approches, il calcule tout parfaitement. Après lorsqu'elle se sent vraiment bien, il commence à être un peu autoritaire, lui montrant un peu que c'est lui qui dirige et qu'il est un homme, un vrai, qui sait se faire aimer et respecter. Et assez souvent ils finissent dans un lit.

Généralement, les clientes ne reviennent plus à partir du moment où elles couchent avec leur hôte, mais c'est différent avec Aoi, elles reviennent toujours et de plus en plus fréquemment, parfois elles ramènent des amies, mais parfois elles sont égoïstes et souhaitent avoir l'objet de leurs fantasmes rien que pour elles. Pour ma part, je n'ai jamais couché avec une cliente durant mon premier mois, je n'étais qu'un nouveau après tout. Vous allez me dire, oui je devais y rester un mois pour gagner de l'argent, histoire d'accomplir mes rêves, mais finalement je suis resté. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment, mon instinct m'a dit que je devais rester, et j'ai bien fait, mais pas pour les raisons que vous avez en tête. L'argent dans tout ça m'intéressait vraiment, mais ce n'est pas ce qui m'a poussé à vouloir rester un hôte du Quiet Beauty. Vous le saurez sûrement plus tard, ou peut être pas, ça reste encore à voir. Lorsque j'ai demandé à Aoi si je pouvais rester hôte, il ne m'a rien dit pendant quelques secondes, il m'a fixé et a fini par hocher la tête, toujours avec son sourire en coin à peine perspectif. Je voyais de moins en moins Takanori, il continuait ses études, alors que moi je m'habillais chic, je me coiffais, et j'allais accoster des jeunes femmes dans la rue pour leur parler, leur proposer de boire un verre ou autre.

Mes journées se résumaient à ça en gros. Le matin, je me levais, j'avais du temps pour me préparer et faire ce que j'avais à faire. Puis vers la fin d'après-midi, je rejoignais les autres hôtes, habillé, coiffé, paré comme il fallait pour la « nampa ». Cela consistait à aller voir des jeunes femmes dans la rue et de leur parler. Tout d'abord, il fallait savoir si elle avait de l'argent ou si elle était fêtarde, un bon hôte le sait juste en la regardant. J'ai compris rapidement comment faire, sous les conseils et les dires d'Aoi. Si elle semblait peu fêtarde, il valait mieux se montrer galant, alors que si elle le semblait, le comportement du rigolo de service allait parfaitement. Être hôte est un travail compliqué, il faut savoir comment agir en fonction de la personne, adopter plusieurs personnalités, changer pour quelqu'un, mais jamais définitivement. Une fois que nous l'avons escortée au club, nous nous installons et nous parlons, de tout, de rien, le but étant qu'elle se sente bien et qu'elle dépense. Qu'elle dépense en quoi ? En alcool. Oui, car plus la cliente dépense, plus nous gagnons d'argent. Une bouteille peut se vendre aussi bien l'équivalant de 700€ et 3000, tout dépend de l'hôte. Ce n'est pas vraiment la bouteille qu'elle achète, mais nous. C'est une manière franche de savoir ce que l'on vaut, entre autres. Une de mes plus fidèles clientes s'appelle Kaede, j'ai de la chance car elle est l'une des plus gentilles. Cependant, je ne l'aime pas du tout, comme les autre. Depuis que je suis hôte dans le Quiet beauty, j'ai horreur des femmes, mais je n'en montre rien. Je ne supporte pas qu'elles posent leurs sales pattes sur moi mais je me contente de sourire et de complimenter ses mains que je dis « douces », ce qui n'est pas toujours le cas. Kaede est plutôt respectueuse, elle suit mon rythme, et elle est assez intéressante en général. Elle vient régulièrement et elle boit beaucoup, tenant bien l'alcool. De plus, elle me dit souvent que je suis son hôte favori, que je suis le plus beau, le plus attachant et le plus marrant. Je répète toujours la même chose, le plus galant possible avec mon plus grand sourire, le plus franc et sincère possible.

- Merci beaucoup Kaede, tu sais que je t'apprécie beaucoup hein ? Je serais triste si jamais tu ne venais plus me voir, j'aurais le cœur brisé.

Et à chaque fois je fais une moue enfantine en déposant un baiser sur sa joue, ma main sur la sienne. C'est une chose que je suis forcé de faire si je veux rester un hôte : persuader ma cliente de venir le plus souvent et le plus longtemps possible. Sauf que lorsque je faisais ma première année en tant qu'hôte, dès que je tournais la tête vers la fenêtre je le voyais, lui, personne que je désirais plus que tout au monde...

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Finalement, je suis reste un hôte plus longtemps que prévu, cinq ans environs, dans le même club, mais je ne dirais pas pourquoi, pas maintenant. J'aimais beaucoup au début, tout l'argent que je gagnais, je le dépensais plus ou moins en un peu tout, mais pas en alcool car je devais en boire énormément tous les soirs. En effet, nous sommes parfois plusieurs à nous occuper d'une, deux ou trois femmes, nous buvons beaucoup, elles nous forcent de temps en temps à vider plusieurs bouteilles. Comment vider trois bouteilles de champagne quasiment d'un coup d'après vous ? J'en buvais une, je m'en allais vomir, et je recommençais, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite. Avec malheur, il m'arrivait de tomber sur une femme qui me demande de vider six bouteilles, quelquefois juste deux, quelquefois elle ne me demande rien, ce qui est assez rare. Kaede de ne le fait jamais par exemple. C'est encore d'actualité, mais je suis plus ou moins habitué à présent, a force de boire... Non je dépensais plutôt en vêtements et bijoux, j'aime beaucoup les bijoux, surtout ceux en argent. C'était et c'est encore une de mes couleurs favorites, puis il paraît que cela allait bien avec mes longs cheveux châtains et mon visage d'ange, d'après Aoi du moins. Les autres ne me disaient rien, et je ne fréquentais pas grand monde en dehors de Takanori (que je voyais très rarement) et les clientes du Quiet Beauty. Non en effet, c'est toujours un peu la course du meilleur hôte après tout. De toutes façons, les femmes me complimentent assez, je déteste ça, je déteste qu'elles me disent « Tu es sublime Shima-san » ou « Tu arriverai presque au niveau d'Aoi ».

Ridicule, idiot, déplorable, minable. Elles ne le disent pas sincèrement, c'est juste pour que je leur retourne le compliment (ce que je fais toujours, évidemment), qu'elles se sentent aimées. Je déteste les femmes, je les déteste, je les hais depuis cinq ans maintenant. Si je ne me retenais pas, je ferais une grimace dès qu'une femme, pas forcément cliente, poserait ses mains sur moi. De plus, on a beau dire que j'ai un visage parfait et un corps de rêve, il est impossible d'arriver à son niveau, ou alors... Non, rien. Elles sont si hypocrites, toujours se fixer une barre de perfection, et la bouger juste pour satisfaire leur ego. Mon dieu qu'est ce que je n'ai jamais aimé ça... Pourtant je suis resté cinq longue années ici, à les distraire, les complimenter, leur faire du charme, les faire boire, et coucher avec elles. C'est le moment que j'ai toujours détesté, lorsque ma cliente me tire par la manche de ma chemise vers la chambre, que je satisfasse chacun de ses désirs, comme si je voulais ce qu'elle voulait aussi. Je n'ai jamais pu faire autre chose que ce qu'elle me demandait.

-Caresse- moi Atsu.

Je faisais balader mes mains sur son corps, sur chaque parcelle, sans en oublier une, un sourire vicieux au coin des lèvres. Jamais une femme n'a remarqué que mon sourire était faux, que je mentais, elles étaient aveuglées par leurs désirs, surtout leur désir d'être aimées.

-Embrasse-moi Atsu.

J'avais souvent envie de répondre, non pas « tes désirs sont des ordres », mais « tes ordres sont des désirs, sauf qu'ils ne sont pas réciproques ». Si jamais j'avais dit ça j'aurais sûrement été viré du club, et ma dernière envie était de le quitter. De plus, m'attirer la foudre d'Aoi a toujours été une chose, la chose à éviter, et pour tout le monde.

-Fais-moi l'amour Atsu.

Je ne faisais pas exactement ce qu'elle me disait, je prenais les rênes, avec mon air autoritaire et dominant, puis je couchais avec elle. Au début je prenais plus ou moins mon pied, mais c'est passé bien rapidement, j'avais toujours son visage en tête et ça me troublait, pas qu'un peu. Sa vision m'a toujours obsédé à point maladif, j'ai eu des fantasmes pire que ceux des femmes qui le désiraient dès la première fois que mes yeux se sont posés sur lui. Et malheureusement, aucune des clientes avec qui j'ai couché ne m'a demandé de la tuer, quel dommage...

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Quasiment tous les hôtes de Quiet Beauty m’ont parlé d’Aoi, j’en entendais aussi par les passants ou les clientes, j’ai donc travaillé avec plusieurs avis totalement différents les uns des autre sur mon patron. La seule chose qui ne change jamais dans tous les points de vue est son physique, il a toujours été très apprécié physiquement ce qui est compréhensible, moi-même je n’ai jamais pu m’empêcher de fantasmer sur lui. Les personnes qui parlent le plus de son visage, de ses cheveux, de son corps, de son apparence, sont bien évidemment les clientes. Ô combien de fois j’ai entendu « Aoi est le plus bel homme que je n’ai jamais vu », « Aucun homme n’a la beauté d’Aoi », Aoi par ci, Aoi par là. Les femmes n’ont d’yeux que pour lui… Ou presque, car tout le monde ne connaît pas son caractère en dehors du club.

La première fois que je l’ai vu en chair et en os (lorsque j’ai demandé à être un hôte au Quiet Beauty donc), il m’a semblé légèrement distant, cependant très entreprenant et convaincant. Il n’a pas eu besoin de persuader à propos de plusieurs sujets, comme coucher avec certaines clientes. Avec un autre patron en face de moi, j’aurais refusé d’office, mais là je n’ai pas hésité, j’ai eu confiance en lui dès que je l’ai vu, dès qu’il a posé son regard noir sur moi, pauvre jeunot naïf sur les bords de 20 ans que j’étais. Je me souviens qu’il était confortablement assis sur son imposant siège de cuir, les jambes croisées et qu’il était appuyé sur son bras droit, posé sur un des deux accoudoirs du fauteuil noir. Il tenait sa cigarette avec son index et son majeur d’une manière très élégante, et ses longs cheveux bruns ainsi que sa pose lui a donné un air légèrement féminin, mais surtout très désirable. Sa voix grave a contrasté avec son apparence un peu androgyne, ainsi que sa manière de parler, jamais une femme ne m’aurait parlé ainsi. Il était franc, direct et ne passait pas par quatre chemins, je l’ai toujours pensé beau parleur, mais pas hypocrite, du moins pas en dehors du club.

On m’a aussi dit qu’il était colérique, qu’il s’énervait pour rien. Pourtant je ne l’ai jamais vu énervé, du moins lorsque je l’ai vu en colère, il l’était juste un peu, je vous laisse imaginer son état lorsqu’il l’est complètement alors qu’il allait presque casser la table à ce moment-là. On l’a aussi dit sadique, mais je n’ai jamais vu ce côté de lui. À vrai dire avec lui je n’ai jamais parlé longuement, je suis avec lui uniquement lors des réunions et lorsqu’il m’appelle pour boire un verre, histoire de parler du boulot. Il est assez soucieux en ce qui concerne ses employés, il semblait assez inquiet également, mais, franchise ou pas, telle est la question.

J’ai écrit tout à l’heure que je n’avais pas hésité à accepter de coucher avec certaines clientes, mais… J’ai oublié de vous préciser une chose : je n’avais jamais fait l’amour auparavant. Aoi, étant très perspicace et ayant l’œil pour le moindre détail m’a demandé si je l’avais déjà fait avant. À ce moment pour le coup, j’ai rougi, j’ai aussi baissé la tête, honteux. Je me souviens encore de son léger rire d’enfant amusé et du son des chaînes accrochée à son jean noir lorsqu’il s’est levé pour faire le tour de la table, histoire de se placer juste devant moi.

-Je vais devoir te confisquer ce que tu as en trop dans ce cas… m’a-t-il murmuré à l’oreille.

En pensant à ce qui a suivi, j’en frémis encore. Et oui, j’ai eu ma première fois avec un homme dont je ne connaissais rien, avec mon patron qui plus est. Je me suis totalement laissé faire, déjà parce qu’il n’y avait que cette solution, de deux parce que je n’aurais jamais osé m’opposer aux décisions d’Aoi à cette époque et de trois parce que j’avoue en avoir eu affreusement envie. Il a quitté le club et m’a emmené à son appartement, grand et luxueux. J’ai compris tout de suite à quel point il était populaire et à quel point il gagnait de l’argent. En arrivant, nous avons retiré nos chaussures, et il m’a proposé à boire en homme galant qu’il était. J’ai refusé et il n’a pas cherché bien loin, il m’a entraîné dans sa chambre. Docile comme un agneau, je l’ai laissé m’allonger sur le lit, et en ai conclu par différents détails de la pièce qu’il vivait seul. Il m’a lentement déshabillé à l’aide de ses longs doigts fins, rallongeant ses mains expertes en la matière, sa peau contre la mienne me donnant des frissons et des papillons incontrôlés dans le ventre. J’ai soudain eu une douleur au niveau de mon jean : je réagissais bel et bien à chacun de ses faits et gestes, je le désirais. Oui, je le désirai vraiment et cela m’a donné un peu confiance en moi : j’ai pris mon courage à deux mains et ai fait sauter uns par uns les boutons de sa chemise immaculée. Aoi a toujours été un homme soigné, il n’y avait aucun pli sur ses vêtements, aucun, et son appartement était parfaitement rangé, à moins qu’il ait eu une femme de ménage pour le ranger, ou encore le fruit d’une coïncidence. Nous nous sommes mutuellement déshabillés, tous les deux apparemment aussi excités l’un que l’autre. Ses cheveux bruns caressaient mon torse lorsqu’il déposait des baisers sur mon bas-ventre, m’arrachant des râles de plaisir. Je n’étais pas du tout gêné, il n’y avait que lui et moi à ce moment-là, plus rien d’autre, j’avais presque oublié que je n’avais jamais fait l’amour avant ça. J’ai encore la sensation de ses doigts agiles se balader sur mes cuisses lorsqu’il commençait à donner des coups de langue sur mon membre tendu à l’extrême, j’entends encore mes propres gémissements, mes propres plaintes. J’agrippai les draps blancs tout en me cambrant en arrière, soupirant son nom. C’étaient les seuls sons à cet instant, le bruit des draps bouger, ma voix gémir son nom et ses mouvements de vas et viens.

J’eus soudainement une sensation bizarre : je me suis senti venir. En effet, peu de temps après je me libérai dans la bouche d’Aoi en un long gémissement de ma part. Il avala ma semence avant de venir caresser mes joues rougies par le plaisir. Ce qui à suivit, je m’en souviendrai à jamais, la douceur avec laquelle il m’a pris, son souffle chaud derrière ma nuque, ses mains explorer les parcelles inexplorées de mon corps, les pointes de ses cheveux effleurer mon torse lorsqu’il allait et venait en moi, tous ces détails m’ont rendu fou à ce moment, fou de plaisir, fou de bien être, mais surtout fou de lui.

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